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Les personnages féminins et leur sexualité

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Tu n’as pas pu y échapper cher lecteur, chère lectrice, le samedi 8 mars était consacré aux droits des Femmes avec un grand F. Bien que je trouve que cette journée hypocrite et montrant surtout tout le chemin qu’il reste encore à faire, elle me donne une bonne raison de m’atteler à l’écriture d’un billet qui me trotte dans la tête depuis un bon moment déjà : la représentation de la sexualité des personnages féminins. Je sais, cher lecteur, chère lectrice, il s’agit d’un sujet aussi abyssal que casse-gueule. Mais que veux-tu, en bonne féministe, c’est une question qui m’interpelle.

N’ayant pas la prétention d’avoir vu toutes les séries du monde, d’avoir une parfaite connaissance de l’histoire de la représentation de la sexualité des personnages féminins et de fournir une analyse exhaustive, je m’appuie sur ce que je connais le mieux : les séries que j’ai vues et ce qui m’a dérangée ou non en découvrant le représentation de la sexualité de certains personnages féminins.

Ce qui me déplaît : les clichés et le sexe pour le sexe

sexandthecity006Avec Sex and the City, série américaine emblématique des années 90, on pourrait penser que les femmes ont enfin le droit de vivre leur sexualité en toute liberté. Mais vois-tu, cher lecteur, chère lectrice, je n’ai jamais accroché à Sex and the City, je ne me suis jamais sentie connectée à ce quatuor de New-Yorkaises. En regardant cette série, j’avais surtout l’impression de voir en série l’adaptation d’un magazine féminin, m’exhortant à être obsédée par la mode, à me définir uniquement par rapport à mon sex appeal, à avoir une vie sexuelle décomplexée et obligatoirement très très active, mais au final à ne vouloir qu’une seule chose : trouver l’amour et me marier. Franchement pas de quoi m’emballer outre mesure.

J’ai également beaucoup de mal avec les séries jouant à fond la carte sexe. Autant j’avais été envoûtée par l’atmosphère de la première saison de True Blood, autant, par la suite, j’ai surtout eu l’impression de voir un porno sanglant, sans grand intérêt. J’ai le même problème avec Game of Thrones. On peut bien sûr voir en de nombreux personnages féminins l’incarnation de la femme forte, qui doit se battre, qui doit s’en sortir malgré un destin bien tracé. Mais trop souvent, les personnages féminins sont une bonne excuse pour montrer à l’écran de jolies femmes nues dans des scènes où le sexe n’apporte rien à la narration.

Ce qui ne me dérange pas : des personnages sexy assumés

On pourrait penser que je suis tout autant dérangée par les scènes de sexe 26584026dans Lost Girl, série fantastique canadienne, qui n’en manque certainement pas. Il n’en est rien car dans Lost Girl, ces scènes sont totalement assumées dans une série qui se veut simplement fun et qui ne prétend pas être autre chose. Et puis, mettre en scène une succube en occultant sa sexualité serait fort étrange.

On pourrait penser que je suis tout autant dérangée par les scènes de sexe dans Vikings, série racontant le destin de Ragnar Lodbrok, roi semi-légendaire de Suède et du Danemark. Il n’en est rien car le personnage de Lagertha, femme de Ragnar, n’est en rien cloisonnée dans son rôle d’épouse et les scènes de sexe de ce couple illustrent le tumulte de leur relation.

Ce qui me plaît : des héroïnes sexualisées et multifacettes

Je n’ai aucun problème avec des personnages féminins assumant leur sexualité, bien au contraire. Mais une seule condition : que cela ne soit pas un prétexte et que les personnages ne soient pas uniquement définies par ce prisme.

DWF15-821707Dans Six Feet Under, tous les personnages sont névrosés et leur sexualité, la manière dont ils la vivent, est une manifestation de cette névrose. L’une des forces de Six Feet Under est de traiter avec autant de poids personnages masculins et féminins. Les femmes de cette série ont donc une profondeur, elles ne pas qu’un seul visage et l’expression de leur sexualité n’est en rien cliché ou machiste.

Brenda ne sait pas qui elle est, elle s’est créé un personnage depuis son enfance, elle entretient une relation compliquée avec ses parents et ambigüe avec son frère. Il est donc naturel que sa sexualité soit borderline.

Claire se cherche, cherche quelle est sa place dans cette famille dysfonctionnelle, quelle est sa place dans le monde. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’elle se cherche sexuellement en craquant pour les mauvais garçons, en faisant des erreurs et en essayant une relation homosexuelle. Il n’y a rien de cliché, il s’agit simplement de l’expression de son cheminement.

Ruth est malheureuse, enfermée dans sa vie d’épouse et de mère délaissée, qui ne sait trop que faire de ses envies. Et pourtant, Ruth se laisse aller à vivre ses envies et aura plusieurs amants durant les cinq saisons. J’ai aimé voir cette femme avoir une sexualité, alors qu’on aurait pu penser qu’il était exclu qu’elle en ait encore une.

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Comme je l’ai déjà écrit en long en large et en travers au sujet de Sherlock, Coupling et Jekyll et Doctor Who, Steven Moffat n’écrit pas ses personnages féminins de manière misogyne. Mais il n’est pas si étonnant que ses personnages féminins soient perçus ainsi. La raison en est fort simple : le sexe fait courir l’écriture de Steven Moffat.

Je sais, cher lecteur, chère lectrice, tu te demandes bien ce qui me passe par la tête d’affirmer une chose pareille et tu te demandes si je n’ai pas définitivement perdu la raison. Sache que cette affirmation n’est pas de moi, mais de Russell T Davies dans The Writer’s Tale The Final Chapter. Et Russell T Davies a diablement raison. Steven Moffat sexualise beaucoup ses personnages et d’autant plus ses personnages féminins. Mais il ne le fait pas dans le seul but d’en faire des objets sexuels à la merci du désir masculin. Elles assument, elles prennent le pouvoir et elles peuvent tout autant être fragiles. Oui, les femmes écrites par Steven Moffat flirtent, jouent de leurs charmes, mais elle ne sont en aucun cas réduites à seulement cela. Et pourquoi est-ce qu’une femme qui assume sa sexualité serait forcément une atteinte à l’image de la femme ?

Kaamelott Livre VIAlexandre Astier est dans cette même logique avec les femmes qui entourent Arthur dans Kaamelott.

Pour lui, il est très intéressant de montrer des femmes exprimer leur désir, quitte à bousculer l’homme. Ce sont ses maitresses qui sont en demande, c’est la femme dont il va tomber amoureux qui est blessée de la difficulté d’Arthur à manifester son désir.

Même Guenièvre, à qui Arthur refuse tout acte d’amour, essaye encore et encore. Et lorsqu’elle pense avoir enfin le droit de vivre pleinement son désir aux côtés de Lancelot, le problème vient de ce dernier et non d’elle.

Mad Men montre également des femmes sexualisées et multifacettes. Cette Mad-Men-1série montre la misogynie, mais n’est pas écrite de façon misogyne. La représentation de la sexualité des personnages féminins est donc très intéressante.

Betty Draper est enfermée dans son rôle de femme parfaite et dans son rôle de mère qu’elle subit tant. Elle est acquise pour Don, elle n’a pas le pouvoir. Et pourtant, lorsqu’elle n’en peut plus de cette situation, c’est elle qui prend le pouvoir et cela passe aussi par le sexe. C’est elle qui met son mari dehors (ok, je reconnais qu’à partir de la saison 4, Betty est sous-utilisée. Et bizarrement, mon intérêt pour la série décroît depuis la saison 4).

Les maîtresses de Don Draper n’existent qu’à travers son désir à lui. Elle pourraient être réduites à n’être que de simples objets sexuels. Et bien non, elles peuvent être bien moins superficielles que cela et à mesure que la déchéance du séducteur approche, son besoin pathologique de conquêtes est de plus en plus pathétique et ses maîtresses prennent de plus en plus d’ascendant sur lui, surtout lorsqu’elles disent non.

Peggy n’est qu’une simple secrétaire qui ne sait pas bien qui elle est lorsqu’elle débarque dans l’univers des Mad Men. Et elle subit de plein fouet les règles qui régissent ce monde, croyant même un instant pouvoir être réellement aimée. Mais alors qu’elle se retrouve enceinte, elle abandonne l’enfant et se consacre à ce qui est maintenant le plus important pour elle : sa carrière. Elle espère faire jeu égal avec ses collègues masculins et laisse le mariage et les enfants loin de ses préoccupations.

Bien sûr, Joan est la plus sexualisée de la série. Sexualisation accentuée par les formes très féminines de son interprète Christina Hendricks. Mais là encore, rien n’est ni noir ni blanc. Oui, Joan est un objet sexuel, elle le sait et elle l’assume car, pour elle, elle n’a pas vraiment d’autre choix. Ce monde d’homme ne l’acceptera jamais comme une égale, alors pour s’en sortir, elle doit jouer selon les règles dictées par les hommes. Et alors qu’elle aurait pu se contenter d’un mariage malheureux, elle décide de divorcer et de s’occuper seule de son enfant, ayant pour ambition de réussir à se faire sa place dans ce monde d’homme même si elle ne sera jamais considérée comme une égale.

Le personnage de Sally, la fille de Don et Betty, est intéressante car elle représente l’avenir. Une jeune fille malaimée par sa mère, qui se rend compte que son père n’est pas un héros. Un personnage qui permet également d’aborder le si peu courant sujet de la masturbation féminine, lors d’une scène marquante et absolument pas obscène.

Lizzy Caplan as Virginia Johnson and Annaleigh Ashford as Betty in Masters of Sex.Je ne peux pas conclure ce billet sans évoquer Masters of Sex arrivée à la rentrée 2013-2014 sur la chaîne américaine Showtime. Une série racontant la naissance de la sexologie à la fin des années 50 avec les travaux de William Masters assisté de Virginia Johnson.

Une série qui vu son sujet et la chaîne qui la diffuse aurait pu être de très mauvais goût et racoleuse. En dehors de son générique peu inspiré, il n’en est rien. La scénariste Michelle Ashford s’intéresse non pas au sexe pour le sexe, mais aux carcans sexuels qui emprisonnent les individus, hommes et femmes. Bien sûr, le désir féminin est au cœur du récit et l’épisode Brave New World (1×06) est un parfait plaidoyer pour l’orgasme féminin.

Certains reprochent à Michelle Ashford d’avoir écrit une Virginia Johnson bien trop moderne pour son époque et peu crédible. Pour moi, peu importe qu’elle soit trop moderne pour son époque, Masters of Sex n’est pas un documentaire, c’est une série qui dépeint des personnages complexes. Les femmes y sont définies ou enfermées dans leur sexualité.

Virginia veut vivre sans entrave, dissocie sexe et sentiment, connaît son corps et sait ce qui lui plaît. Elle veut également donner du sens à sa vie et ne pas être enfermée dans cette image de jolie femme incapable d’accomplir de grandes choses.

Libby Masters est privée de plaisir par un mari totalement déconnecté du désir, une femme réduite à son rôle de génitrice, rôle qui lui sera même presque interdit.

Margaret Scully n’a jamais connu le plaisir, enfermée malgré elle dans une mascarade de mariage. Et pourtant, elle va enfin prendre le courage de découvrir cette partie d’elle-même dont l’accès lui avait toujours été interdit.

Vive les femmes sexy, vive les femmes qui ne cherchent pas à être absolument sexy, bref, vive les personnages magnifiques, intéressants, funs dont j’aime tant suivre les aventures épisode après épisode !

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